ici je regarde le dehors avec une certaine tendresse
parce que tout est nouveau et frais sur les yeux
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partout où les gens peuvent, iels accrochent leur amour
(grillages, sculpture de la lettre emblématique de la ville)(tout devient contenant de cadenas)
recréer des jardins à sa fenêtre, nostalgie des espaces verts
ça sent les amandes et le savon, j'ai le nez en éventail
c'est le retour des bras nus, j'offre au ciel bleu mes tattoos comme gage de confiance
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je me réveille l'oreille volume pamplemousse
gros sel gros sel
pas de compresse je prends un coton démaquillant
les perceur·euses en larmes
l'impression que ma tête penche du côté gauche
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je mange des kango + compote pomme poire pour oublier les motos en festival sous la fenêtre hier
avec les grandes gueules du jeudi soir
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autour de la table en bois
trop petite pour nous toustes
on décapsule les bières à la cuillère
avec des yeux ricochets
la nuit nous entoure
château fort volubile
à l'intérieur
c'est un tout autre paysage
que nous étalons les un·es sur les autres
les corps frémissent
les épaules se touchent
on veut se raconter plein de choses
la musique accueille notre allégresse
au milieu de nous
Lele reçoit nos caresses
on dirait ça peut durer des heures comme ça
mais on finit par s'éparpiller
et allonger nos jambes courbaturées
on continuera demain
de se greffer comme les arbres des bouts des autres sur soi pour infuser de la douceur
on continuera demain
de faire rouler la terre sur les genoux
la laisser s'incruster et sécher comme une seconde peau
enlever les tresses des racines
avec le vent qui nous mâche toutes entières derrière la maxillaire
menthe hollywood chewing-gum sous la langue
on continuera demain
d'assembler le puzzle de la pulpe de nos doigts
ceux-là même qui ont badigeonné
l'assiette d'huile d'olive pour y frotter les asperges
je crois qu’ici
on apprend à regarder les choses autrement
ça rebondit entre nous
comme le soleil d’avril et les pâtes à la sauge
j’expose ma peau sans pudeur à ce qui survient
je me fais rivière, portée par ces rencontres dansantes
oui aujourd'hui j'ai l'urgence flamboyante
en écharpe nouée
de chérir la myriade d'individu·e·s
qui me porte cahin-caha
et accueillir toutes les amours qui composent mon quotidien
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souvent,
quand je me sens envahie de grillons
je respire ma paume moite
c'est comme avaler sa salive de travers comme se manger l'intérieur des joues
(surtout le côté droit)
méli-mélo de sensations bizarres et rassurantes
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comme appeler Pôle Emploi depuis sous la table de la cuisine
ça sent l'humidité
alors je respire pendant de longues secondes ma paume
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les oiseaux bouffent toute ma menthe
obligée d’en acheter sous plastique
je suis deg
ça + le reste
ça me périclite
je saigne des gencives
ça coule sur mes seins
mais impossible de trouver la plaie
un flux comme mes règles hémorragiques
y’a pas de pub qui dit
je peux continuer à vivre malgré les débordements
et je crois qu’on est beaucoup à traverser les jours comme ça
où aucune main ne saurait rafraîchir les paupières
qu’est-ce qu’on fait
alors
lambiner avec patience
faire une décoction de cézigue
créer une start up
se référer au tirage du tarot
se dire que c’est bien dommage de mettre tant d’énergie dans soi
quand tout autour s’écroule
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j'ai l'utérus toutes dents sorties
une petite monstre de libido et de crampes tentaculaires
une déesse à plusieurs langues
je veux me frotter me frotter
jusqu'à plus soif
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